Les coteaux calcaires qui font face à la petite ville médiévale de Bouvignes, sur la rive droite, ont été les témoins de nombreuses pages d’histoire locale. Couverts en grande partie de pelouses sèches, ils forment aujourd’hui la remarquable réserve naturelle Natagora de « Devant-Bouvignes ».
C’est à la découverte d’une « petite Provence » que nous vous invitons ici.
Patsarts et veines pâtures…
Ces versants caillouteux étaient, à une époque pourtant pas si lointaine, totalement dépourvus de végétation forestière. Défrichés constamment pour les besoins du chauffage domestique, des forges, des tanneries, entaillés de petites carrières et, parcourus par le troupeau communal, ils apparaissaient tel un lieu de désolation. Pourtant, ils offraient ainsi une opportunité pour l’installation et le développement d’une riche mosaïque de milieux, dont le plus emblématique est, sans conteste, notre fameuse pelouse calcaire.
Quatre pattes pour des architectes paysagistes…
Défrichage et pâturage tombés en désuétude, les pelouses et les rochers arides ont été, petit à petit, recolonisés par la végétation arbustive et forestière. En 1972, à l’initiative d’Emmanuel Sérusiaux, l’association « R.N.O.B » y crée une réserve naturelle. C’est dans ce contexte de protection que des travaux de gestion récurrents y sont menés afin de maintenir l’ouverture de grands espaces de pelouses et la biodiversité du site. Depuis une vingtaine d’années, un troupeau composé de moutons de la race « Mergelland »et de quelques chèvres arpente à nouveau les coteaux et forme une équipe de véritables architectes paysagistes.
Outre les facteurs anthropiques, c’est également la situation géographique et les caractéristiques géologiques, favorables au maintien d’un microclimat, qui sont à l’origine de l’exceptionnelle richesse floristique et faunistique du site. L’exposition Sud Sud-ouest des pentes, à l’abri des vents froids, explique les températures élevées que l’on peut relever ici. Celles-ci, associées à la perméabilité de la roche et à sa capacité à stocker la chaleur, engendrent en permanence un fort déficit en eau. Un milieu où règne des conditions climatiques aussi extrêmes pour nos régions accueille nécessairement un cortège de plantes bien adaptées (xérophiles).
Sur le plateau, là où le sol est plus profond et la végétation herbacée plus dense, la pelouse mésophile accueille tout un cortège de plantes protégées. Les invertébrés peuvent aussi être mis à l’honneur avec près de 50 espèces de papillons de jour et 18 espèces de criquets et sauterelles, 27 espèces d’escargots… Les pierriers et les petites carrières abritent notamment 2 espèces de serpents et, plusieurs espèces de chauve-souris trouvent refuge dans les anciennes exploitations souterraines. Quelques mentions qui soulignent toute l’importance de la protection mais aussi du maintien et de la gestion d’une telle réserve.
La bergerie et le chalet du mouton noir
Dans le cadre du projet « LIFE Haute Meuse » une vaste bergerie, point central du pâturage sur l’ensemble des réserves naturelles de la région, a été construite sur des parcelles acquises à cet effet ; elle permet de mettre à couvert plus de 80 moutons.
A proximité, un ancien refuge de chasse sert d’abri et de logement aux collaborateurs… à 2 pattes…